23 Mars 2016
Voilà, Ostara est passé.
Nous nous sommes retrouvées trois dans la forêt.
Loin de tous et de tout. Trois au crépuscule.
J’avais été choisie par une clairière, un cercle cerné de jeunes chênes et d’un noisetier.
Je ne me sentais pas encore capable d’aller célébrer le Sabbat autour du chêne de 600 ans ; il est trop fort, trop grand, tout juste en train de ressurgir de la nuit des temps. Alors j’ai opté pour un endroit accueillant, chaud et féminin.
Nous avons nettoyé notre espace avec le balai, chassant du lieu les énergies plus sombres. Nous avons retiré les branches mortes et elles nous ont servi à matérialiser l’emplacement de notre clairière.
Avec des pommes coupées placées sur le pourtour un pentagramme de pentagrammes a été dessiné. Des bougies vertes ont, elles aussi, tracé un autre pentagramme autour de nous.
Il y avait les rubans jaunes, verts, violets, bleus, accrochés aux branches, et le vent qui soufflait.
J’ai posé au sol la nappe d’autel, morceau de lin teinté à la prêle et à la tanaisie.
Bougie noire, bougie blanche.
Puis, pour Ostara, une jaune et une verte.
Des jonquilles partout.
Le sel rose, l’encens sur son charbon ardent, une bougie rouge et la coupe d’eau.
Dans la semi-obscurité j’ai projeté le cercle et appelé les forces cardinales. Nous avons offert le sel pour la Terre, l’encens pour l’Air, la flamme pour le Feu et la coupe pour l’Eau.
Allumée la bougie noire de l’autel.
Puis les bougies vertes du cercle.
La blanche avec la noire, et enfin celles aux couleurs d’Ostara.
J’ai appelé le pouvoir sur nous. Dis des paroles anciennes. Nous avons scandé des chants chamaniques en laissant courir nos âmes sur les sons et les harmoniques.
Ostara était là.
Puis nous avons brûlé nos figurines pour laisser en arrière ce dont nous ne voulions plus. Nous avons trouvé dans notre cercle la force et la sincérité d’abandonner ce qui nous clouait au sol.
Ensuite nous avons pris dans nos mains des graines. Nous les avons réchauffées, nous les avons chargées d’une énergie tellurique et quand elles se sont éveillées nous les avons semées dans un pot qui contenait les cendres de nos figurines et la terre de notre cercle, tout en proclamant ce que nous voulions voir pousser dans nos vies.
Main dans la main nous nous sommes connectées. Et la méditation nous a porté loin, nous a lié à la terre et à l’air.
Notre forêt vivante, des chants de chouettes et des appels de chevreuils.
Et puis le vent a tourné. Il est passé du Nord à l’Ouest.
Partager des gâteaux et des boissons et puis ouvrir le cercle en remerciant. Aucune d’entre nous n’avait envie de partir.
Trois femmes seules au fond d’une forêt profonde.
Il n’y a que pendant un Sabbat que je me sens autant en sécurité, parce que là est la force. Et rien de mal ne peut arriver.
Nous sommes rentrées sous la lune presque pleine. La lumière était blafarde mais poudrée. Nous nous sentions bénies. Nous l’étions.