balance ascendant rêveuse

Je le sais bien, l’absolu est grisant : on sent l'herbe dans le pré, on frémit de liberté, on est comme un cheval au piaffer.
Je le sais bien, le coureur n'attrape que le vent.

Et Chronos nous surveille

Drôle de chemin que celui que je suis
il y a des nuits qui ressemblent à des vies
et des vies qui passent comme des rêves

Ce feu qui crépite en juin fait monter le rouge à mes lèvres mais j'ai envie de m'y réchauffer.
Aujourd’hui je suis ivre.

M'assoir au bord de l'eau et tremper mes pieds dans le courant brillant.
Aimer par-dessus tout ces caloptéryx effrontées au corps bleu profond, aux ailes transparentes marquées de quatre points noirs.

Aujourd'hui j'ai touché la terre, enfouie mes mains dans son odeur puissante, plongé mes doigts dans son cœur et son ventre.
J'ai paré mes herbes odorantes et taillé les rameaux qui n'étaient plus dignes de leur beauté.
Les odeurs, les parfums, les textures et les couleurs....
La terre est une femme
Elle en a les parures
Les saveurs
La chaleur
Et c'est agenouillée contre elle que je me sens revivre, lui rendant un hommage que nul ne m'a jamais rendu, un hommage infini à sa féminité.

La terre, l'océan
je me sens étourdie
pleine de promesses et vivante

Je veux partir sur un chemin tangent, un chemin serpent. Partir et garder avec moi le meilleur de tout ça. Être sur la voie, sinuer dans la transparence, regarder le début et savoir son parfum. L’arbre de verre ne m’a jamais quitté, j’ai couru contre lui, avec lui, en moi. Je ne sais pas encore qui sont ses fruits, comment sont ses petits. Je les ai sûrement vus mais je ne les connais pas.

Je veux rester aussi.

Le soir est propice aux aventures, à toutes les aventures.
Et quand la lune s'arrondit, alors vers quels possibles allons-nous en souriant ?

Rôder, chercher, tout devient gibier potentiel.
Tenir la proie pour l'ombre.

Trouver mieux, parce qu'inconnu.

Et puis pourquoi pas ?

Ici c'est très doux, le clocher de l'église sonne gravement ses douze moments de gloire. Martèlement immuable du temps, il dit à ses deux cent quatre-vingt âmes "il est tard, il fait sombre, blottissez-vous dans vos maisons, demain je serai là"

Alors je me blottis, je l'attends.

La vie est tendre ici.